Négociations
Salaires, classification et prévoyance des pharmaciens d’officine

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En 2022, malgré deux négociations qui ont accordé chacune 3% d’augmentation, la progression contractuelle de la rémunération est restée en deçà des effets de l’inflation.

Ces revalorisations ne semblent pas à même de rendre la branche attractive. Les organisations d’employeurs se sont engagées à revoir la classification des emplois. Historiquement, la convention était la même que celle des laboratoires d’analyses biologiques privés, qui ont su sortir sans souci de l’échelle de raccordement de la classification. De surcroît, rien n’a été accordé aux pharmaciens adjoints d’officine pour la réalisation des activités supplémentaires liées à la vaccination et aux tests Covid.

Lors des négociations, les employeurs feignent d’ignorer pourquoi l’attractivité est en panne dans la branche. Ils ont lancé une enquête et ne semblent pas avoir compris que les salaires restent trop bas et les conditions de travail mauvaises. Une chambre patronale, la FSPF, a contacté le SYNCASS-CFDT afin de revoir les classifications. Ses propositions sont peu intéressantes : elle ne propose pas d’agir sur l’échelle de raccordement, mais seulement sur le diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques de préparateur technicien en pharmacie (DEUST), en argumentant que les jeunes qui s’engagent dans cette voie pourraient, à terme, devenir pharmaciens, ce qui semble illusoire. Le recrutement de pharmaciens adjoints est difficile et les employeurs espèrent ainsi faire tomber l’obligation de recruter un pharmacien adjoint en fonction du chiffre d’affaires, plutôt que d’entreprendre des actions pour restaurer l’attractivité du métier. Les propositions se concentrent sur les titulaires du DEUST qui bénéficieraient d’avancées de carrière. Les employeurs cherchent à faire évoluer ce diplôme vers un niveau licence. Les préparateurs en poste ne font l’objet d’aucune proposition. Les indices proposés pour les pharmaciens en début de carrière restent très faibles et peu attractifs. Faute de pharmaciens formés en nombre suffisant, les officines ne se vendront plus.

La prévoyance est l’autre thème majeur des négociations. Un assureur a répondu au cahier des charges élaboré paritairement et a été recommandé : l’APGIS. Un autre a usé d’une démarche dérogatoire via une labellisation : KLESIA.

Seule l’APGIS a répondu à l’appel d’offres, mais les employeurs ont décidé de référencer également KLESIA, qui a pourtant fait preuve d’une mauvaise gestion dans la période précédente. L’UNSA, FO, la CGC et les deux chambres patronales ont souhaité valider cette labellisation. Deux conventions de référencement vont ainsi coexister : celle de l’APGIS et celle de KLESIA pour laquelle les partenaires sociaux sont écartés du dialogue. Les réserves financières que la CFDT avait négociées et récupérées parce qu’elles appartiennent aux salariés de la branche sont en train de se réduire, suite à de nombreuses erreurs de KLESIA sur la gestion du risque maladie. Cet organisme reste opaque dans sa gestion financière.

S’il paraît nécessaire de s’interroger sur la volonté patronale de s’exempter de l’obligation de la présence d’un pharmacien en continu dans l’officine, il reste toutefois souhaitable de faire évoluer le DEUST, d’autant plus qu’en l’absence de pharmacien adjoint, il y a rarement de présence en continu d’un pharmacien. Il est toujours difficile d’obtenir des avancées de salaires et il est rare d’avoir des salaires au-dessus des minima conventionnels.

Corinne BERNARD