Le SYNCASS-CFDT plaide pour des mesures fortes et cohérentes pour les PADHUE

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La section des médecins du SYNCASS-CFDT, répondant à l’appel du président de la République et du Premier ministre, est pleinement engagée dans la recherche de solutions pour régulariser rapidement et sereinement la situation des praticiens à diplôme hors Union Européenne (PADHUE).

Dans nos exercices professionnels respectifs, nous sommes témoins et acteurs des défis auxquels ces médecins étrangers sont confrontés. Cela se traduit notamment par une précarité et une incertitude exacerbée et sans solution, malgré les réformes successives depuis plus d’une décennie. Ainsi, environ 2 000 à 3 000 médecins étrangers risquent aujourd’hui de se trouver en fin de contrat, mettant en péril leur situation sur le territoire. La continuité médicale et le bon fonctionnement des services hospitaliers et structures médico-sociales dans lesquelles ils travaillent est menacée.

Le SYNCASS-CFDT exprime son soutien à ces médecins et leurs collègues régulièrement en tension dans de nombreux services, au sein de toutes les spécialités, quel que soit leur lieu d’exercice. Il considère que les deux arrêtés publiés au Journal officiel le 11 février dernier ne répondent que partiellement à leur situation. C’est pourquoi il fait des propositions pour une intégration plus respectueuse de ces professionnels essentiels au fonctionnement des établissements.

Une crise médicale patente justifiant l’intégration des PADHUE

La pénurie de médecins en France, met en lumière des besoins critiques non satisfaits, cruciaux pour la permanence des soins et la continuité du fonctionnement quotidien des établissements. Depuis longtemps, les PADHUE ont un rôle significatif dans notre système de soins. Or, leur situation n’a toujours pas trouvé de réponse durable et satisfaisante, jouant avec les nerfs des intéressés et de leurs collègues.

Pour le SYNCASS-CFDT, il faut radicalement changer de logiciel. Les épreuves de vérification des connaissances (EVC), initialement pensées pour attirer des médecins déjà diplômés dans leur pays et intéressés par l’exercice en France, continuent de se confondre avec la reconnaissance d’exercice de médecins présents en France, sous divers statuts.

Le système actuel, axé sur le recrutement local, entrave l’adaptation de la formation médicale aux exigences nationales de santé publique, rendant les efforts de régulation à la fois quantitatifs et qualitatifs inefficaces.

Pour pallier ces lacunes, le SYNCASS-CFDT propose l’introduction d’un accès direct, par concours, au diplôme d’études spécialisées (DES) pour les candidats justifiant de six années d’études médicales, en France ou à l’étranger. Cette mesure vise à couvrir les besoins médicaux urgents, à en garantir la qualité par l’égalité de traitement, à clarifier la responsabilité médico-légale à travers une procédure commune, et à faciliter l’emploi durable de ces professionnels.

Cela doit passer par une réforme des modalités de ce concours :

  • Éligibilité : Seraient autorisés à concourir les titulaires de diplômes de médecine, UE ou hors UE, ayant une année d’exercice en France comme médecin junior, avec un avis favorable de leur chef de service et de l’hôpital d’exercice. Cet avis assure que seuls les candidats qui ont démontré leur intégration au système de santé français soient retenus : cette dimension de compagnonnage est essentielle.
  • Déroulement : L’épreuve orale évaluera le parcours professionnel du candidat, avec une attention particulière portée à la maîtrise des terminologies médicales.
  • Affectation post-concours : Le choix de la spécialité et du lieu d’affectation se fera selon le classement au concours, sur le modèle des épreuves classantes nationales (ECN), en prenant en compte les besoins de santé publique et des territoires.

Ainsi, le schéma de procédure d’autorisation d’exercice (PAE) versus EVC pourrait évoluer vers une intégration plus tôt dans le système de la formation médicale, à condition d’assurer une stabilité des règles opposées aux candidats, tout en maintenant via les EVC le recrutement de médecins déjà formés. À ce titre, un travail de cartographie s’impose, permettant de repérer en amont les pays dont le système de formation médicale déploie des objectifs et des modalités proches du nôtre.

Ces dispositions devraient être complétées par l’adoption de mesures visant la « résorption de l’emploi précaire à l’hôpital », comme la loi « SAUVADET » qui s’est appliquée aux agents contractuels de la fonction publique. Il est impératif de reconnaître officiellement les PADHUE en leur octroyant les droits et le statut qui reflètent la juste mesure de leurs responsabilités. Ignorer plus longtemps leur contribution serait non seulement inique, mais aussi préjudiciable à l’efficacité de notre système de santé. La prolongation de présence sur le territoire doit déboucher sur une régularisation ou mettre fin à des situations humainement intenables.

Il faut enfin veiller à assurer la cohérence de leur parcours professionnel. Il est crucial de maintenir le statut de stagiaire associé en amont du concours et de garantir une durée d’autorisation de séjour adéquate pour les candidats, afin d’assurer une transition réussie vers le système de santé français. Ce délai permet aux candidats au concours une bonne appréhension de l’exercice médical en France.

Le corollaire de la réussite au concours serait l’obtention d’un permis de séjour couvrant la durée du DES (différent selon les disciplines). C’est une question de cohérence.

Enfin, à l’instar des internes, les établissements de santé doivent loger les étudiants en DES, quels que soient leur origine, concours ou ECN, dans des conditions décentes et favorables à leur projet d’installation sur le territoire.

Le SYNCASS-CFDT rassemble des praticiens et des directeurs qui partagent une conviction forte : le dialogue sur l’organisation des établissements constitue une voie incontournable pour l’amélioration des conditions de travail et de l’offre de soin. Les propositions sur le devenir des PADHUE participent de cette démarche.