L'actualité des pharmaciens salariés

La lettre du SYNCASS-CFDT – N° 195 | L’actualité des pharmaciens salariés – Juin 2025

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L’actualité des pharmaciens salariés – Juin 2025

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EDITO : Les pharmaciens adjoints vont-ils renflouer les caisses de la CAVP ?

La caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens dite « CAVP » ne sait plus quelle idée trouver pour élargir son nombre de cotisants au prétexte qu’il faut faire face au vieillissement de la population des pharmaciens titulaires. Cette dernière nous avait déjà sollicités il y a quelques années sur l’opportunité de faire cotiser les pharmaciens adjoints avec les pharmaciens titulaires dans cette même caisse ce qui lui permettrait de renflouer ses fonds. Pour nous, le sujet était clair : nous avions refusé d’aborder ce thème, jugeant que l’on ne peut faire cotiser des salariés dépendant directement de l’Agirc Arrco avec des pharmaciens libéraux.

Aujourd’hui la CAVP ouvre à nouveau le débat, appuyée par les deux chambres patronales en présence à savoir la FSPF et l’USPO qui préconisent de modifier le statut du pharmacien adjoint actuel.
Tous proposeraient de lui substituer un statut de collaborateur libéral ce qui aboutirait au fait que le pharmacien adjoint ne serait plus salarié, tout en n’étant pas patron non plus.
Pour ces trois entités, il est évident que le pharmacien adjoint n’a pas le statut qui correspond à sa situation et sa fonction exactes. Pour parvenir à leurs fins, certains demandent déjà une modification des textes existants et à ce qu’il soit accordé un peu plus de parts qu’actuellement mais est-ce vraiment dans l’intérêt du pharmacien adjoint ?

Permettez- nous d’en douter. En effet, si aujourd’hui le pharmacien salarié a la possibilité par la loi d’acquérir au maximum 10% du capital social de la pharmacie dans laquelle il exerce, que changerait pour lui la possibilité de pouvoir racheter demain 15 à 20% des parts tel que le préconisent certains membres de la FSPF tout en perdant son statut de salarié ?

A notre humble avis pas grand-chose dans le contexte actuel car il serait le grand perdant de l’histoire. Celui-ci ne pourrait toujours pas se comporter comme un véritable titulaire, n’ayant pas la majorité des parts. Il serait contraint de se plier aux décisions de l’actionnaire principal. Et pire encore, en n’étant plus salarié, il serait contraint d’assumer seul toutes ses charges et cotisations sociales tout en n’ayant pas la certitude de pouvoir acquérir la pharmacie une fois, le titulaire parti.

En effet, ce dernier ne risque-t-il pas de préférer vendre lorsque le moment sera venu au plus offrant et non pas à ce pharmacien collaborateur devenu libéral ? Qui ne serait pas tenté d’agir ainsi ?

A moins, bien sûr que tout ait été cadré, fixé au préalable et que ce pharmacien adjoint devenu libéral ne se soit fait assister d’un avocat et protéger devant notaire. Mais combien songeront à se prémunir ?

La confédération CFDT a déjà été informée et est sur ses gardes. Elle va demeurer vigilante afin de surveiller les futurs projets de loi qui seront débattus à l’Assemblée nationale notamment le prochain projet de loi sur le PLFSS car nous n’avons que trop l’habitude de voir introduits au dernier moment des cavaliers législatifs dans les textes présentés en séance.

Pour la CFDT il est hors de question de laisser passer insidieusement de tels projets qui sont très dangereux pour l’avenir du pharmacien adjoint. Ce dernier aura certainement plus de chance de percevoir un jour une retraite par l’Agirc-Arrco que par une petite caisse de pharmaciens libéraux. Il est ici aisé de comprendre la stratégie de certains pharmaciens titulaires qui doivent tenter par tout moyen d’assurer eux-mêmes leur propre retraite s’agissant d’une retraite par répartition –plus ils seront nombreux à cotiser auprès de la CAVP et mieux ceux-ci se porteront- tout en s’assurant la présence d’un futur repreneur.

Corinne BERNARD