L’actualité des pharmaciens salariés – Juillet/Aout 2025
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EDITO : Les risques de la remise en cause du statut du pharmacien adjoint
Nous avons pu lire dans la presse professionnelle que la caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens dite « CAVP » et les deux chambres patronales de la branche de la pharmacie d’officine ont ouvert une réflexion afin de discuter du statut du pharmacien adjoint.
Leur souhait serait d’obtenir assez rapidement des instances exécutives une modification du statut afin de transformer le pharmacien salarié en collaborateur libéral.
Le vieillissement de la population des pharmaciens titulaires est l’un des arguments mis en avant par la « CAVP ». Nous comprenons qu’il serait intéressant pour cette caisse de récupérer des cotisations supplémentaires afin d’assurer les retraites des employeurs puisque nous sommes dans un régime par répartition.
La « CAVP » avait d’ailleurs tenté de nous approcher il y a quelques années afin de discuter d’une telle proposition mais nous avions très rapidement rejeté cette dernière songeant à la défense des intérêts du pharmacien adjoint.
Du côté des chambres patronales, la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France nous confirme avoir participé à une première rencontre trouvant l’idée séduisante et fort intéressante.
Bien sûr, bon nombre d’employeurs ont tout intérêt à ce qu’un adjoint devienne libéral-et ce pour plusieurs raisons :
La première raison évidente serait que les pharmaciens titulaires ont tout intérêt à assurer leur future retraite. Plus il y aura de cotisants dans leur caisse de retraite et plus ceux-ci auront la certitude de percevoir leur pension jusqu’à la fin de leurs jours ;
cela permettrait aux employeurs d’avoir facilement un acquéreur de leur officine dans la mesure où celui-ci serait déjà dans les lieux quand on sait que les adjoints souhaitant s’installer deviennent une denrée rare. La FSPF nous précise sur ce point qu’elle souhaiterait que les textes de loi soient modifiés rapidement afin que les adjoints puissent acquérir 20 à 25% des parts quand aujourd’hui cette acquisition est limitée à 10% par la loi. Nous comprenons que la chambre patronale œuvre déjà en ce sens afin de faire rectifier les articles concernés.
la troisième raison serait qu’en transformant le pharmacien adjoint en collaborateur libéral, les pharmaciens titulaires se dispenseraient du versement des charges sociales qu’ils ont toujours estimées trop lourdes.
Sur ce sujet, l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine dite « USPO », seconde chambre patronale se déclare plus réservée.
Une telle modification du statut serait-elle aussi intéressante que le prétendent les deux premiers protagonistes pour le pharmacien adjoint ?
Il faut avoir en tête, et nous l’avons souvent répété, qu’en ayant acquis seulement entre 5 et 10% des parts, vous ne pourrez décider de rien. Et il est clair que même si la loi relevait le taux à 20 ou 25%, vous ne seriez toujours pas le décideur.
Ensuite, il n’est pas certain que quelques années plus tard le titulaire vous vende son officine – ce dernier risquant d’accorder sa préférence au plus offrant. Et, dans ce cas, qui acceptera de vous racheter aussi peu de parts si vous décidiez de quitter cette pharmacie ?
Cela signifie qu’il vous faudra en pareille situation veiller à l’encadrement juridique de vos négociations afin que vous ne soyez pas lésé au final.
Enfin, en devenant libéral, vous aurez à payer vos propres cotisations. Vos revenus devront donc être assez conséquents afin de couvrir toutes vos dépenses.
Devenir un collaborateur libéral en n’étant pas employeur n’a donc pas tous les avantages que tentent de mettre en avant les employeurs et « la CAVP. » Il est clair qu’avec ce statut et aussi peu de parts, vous ne pourrez être décisionnaire dans la gestion de l’officine.
De plus, il ne faut pas oublier qu’en cotisant à l’Agirc-Arrco avec des millions d’autres salariés, votre pension de retraite est mieux garantie qu’avec une petite caisse de retraite constituée uniquement des cotisations des pharmaciens libéraux beaucoup moins nombreux.
Alors, les pharmaciens adjoints ne doivent pas se laisser abuser. Les titulaires dans ces travaux ne semblent songer une fois de plus qu’à leurs propres intérêts.
Corinne BERNARD